Le Front de Lutte pour une Ecologie Décoloniale (FLED) est un groupe en mixité choisie sans personnes blanches, qui s’organise à Lyon.
« La couleur de l’écologie n’est pas le vert mais le blanc. »
Razmig Keucheyan
Le constat de la très faible présence des personnes racisées au sein des mouvements dits « pour le climat » ou écologistes n’est pas nouveau. Cette triste réalité ne semble pourtant pas (ou peu) entraîner de réactions chez les militant-es impliqué-es dans ces organisations.
Evidemment cette absence n’est pas sans conséquences sur la (non) prise en compte des injustices environnementales qui nous touchent spécifiquement nous et nos communautés.
De manière plus générale, les questions sociales et raciales sont quasiment absentes des réflexions alors qu’elles devraient occuper une place centrale. Il n’y a pas de grille de lecture décoloniale dans ces mouvements, qui se basent principalement sur des théories et concepts de penseurs blancs occidentaux.
Pour ces raisons, nous trouvons important de créer un espace politique dans lequel, entre persones non-blanches, issues de diasporas, nous pouvons nous réapproprier les questions liées à la justice environnementale.
L’idée est également de lier cela aux enjeux sociaux, antiracistes et décoloniaux plus larges. Très loin de nous limiter aux thématiques touchant aux seuls enjeux environnementaux, nous souhaitons prendre part aux luttes antiracistes dans leur ensemble. Combattre le colonialisme et l’impérialisme, les violences policières et carcérales, soutenir les personnes sans-papiers, lutter contre toutes formes de fascisme, d’islamophobie et d’antisémitisme et tout simplement de discriminations envers les personnes non-blanches. De toutes ces violences à la destruction de la planète, à l’accaparement des terres et à leur saccage ou leur empoisennement, nous trouvons un dénominateur commun, la colonisation.
Notre objectif est de dépasser ou redéfinir les seules thématiques écologiques habituellement abordées dans les organisations classiques (préservation traditionnelle de la biodiversité, effondrement de la civilisation thermo-industrielle, réchauffement climatique, etc).
L’accent sera porté sur des sujets comme le racisme environnemental touchant à spécifiquement les quartiers dits populaires : alimentation malsaine, logements insalubres, expositions aux déchets toxiques, ainsi que sur les luttes nous concernant en tant que personnes issues de diasporas dans nos divers pays d’origine : accès à l’eau, chlordécone, agent orange, extractions, etc.
Si nous avons souhaité créer cet espace en non mixité entre personnes visé-es par les violences et discriminations raciales, c’est aussi parce que nous pensons qu’il n’est pas pertinent de lutter sur les enjeux décoloniaux et antiracistes dans des espaces qui reflètent et contribuent à renforcer la domination blanche.
Il n’est pas possible non plus de faire office de caution « inclusive » au sein de ces organisations. Lorsque des personnes issues d’organisations très majoritairement constituées de blanc-hes parlent d’être plus inclusif-ve », cela signifie que nous ne sommes pas envisagé-es comme des acteur-ices principaux-ales de la lutte.
Nous pensons qu’il est préférable de disposer de nos propres structures pour nous organiser et pour mener des luttes vitales pour nos communautés. Très loin de l’écologie de loisir, il est temps pour nous de passer à l’offensive et d’insuffler de nouvelles dynamiques. Il est temps de clamer haut et fort que l’écologie n’est pas qu’une affaire de bobos blancs du centre ville. Il est temps de faire le lien entre la « crise environnementale » et la colonisation.
Nous invitons les personnes concernées motivées à nous joindre afin de construire ensemble ce collectif !