Carte des figures esclavagistes et colonialistes

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Chaque jour, dans la rue, lorsque nous allons au travail, au lycée, à la fac, voir des potes, nous passons devant un nombre incalculable d’hommages à des hommes ayant activement participé aux crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la colonisation.
Chaque jour, en empruntant ces avenues à la gloire de Napoléon, ces rues Paul Bert ou en passant devant ces statues glorifiant des Gallieni et Louis XVI, nous, descendant-es de personnes ayant été – non sans résistance – esclavagisées et colonisées, devons subir ces insultes que représentent ces hommages aux « grands héros » de l’histoire de France. « Héros » qui sont en réalité des bourreaux.
En créant cette carte, l’objectif était d’abord de permettre de mieux visualiser à quel point la place de ces symboles coloniaux était énorme dans l’espace public. Ceci est la marque profonde de l’histoire de ce pays, qui a bâti sa puissance et sa richesse sur la colonisation et l’exploitation violente de nombreux peuples partout dans le monde et qui continue de glorifier ce passé pourtant si honteux. Ce pays qui ne s’est jamais séparé de cet héritage sanglant qu’est la colonisation et dans lequel ces stigmates structurent encore largement une société raciste et violente envers nous, personnes non-blanches et visées par l’islamophobie et l’antisémitisme.
Tous ces noms de rues, ces statues et monuments glorifient des théoriciens ayant théorisé la hiérarchie des races biologiques, des généraux ayant commis des crimes de guerres, des batailles meurtrières dans lesquelles les armées françaises ont assassiné des milliers de résistant-es à la colonisation. 
Nous souhaitons que la place de ces symboles soit rediscutée et remise en cause. Et pour ne pas passer par quatre chemins, nous voulons que la très grande majorité d’entre eux, si ce n’est la totalité, soit tout simplement retirés.
Évidemment, on dira que nous sommes de dangereux et dangereuses séparatistes ayant pour volonté de réécrire l’histoire ou carrément de l’effacer. Mais retirer ces hommages coloniaux des rues n’affecte pas l’histoire. Que les fans d’histoire se rassurent, il sera toujours possible d’étudier les grands actes de bravoure de Churchill ou de De Gaulle à l’école, à la fac et dans les archives (plus difficile d’en savoir plus sur les crimes qu’ils ont commis durant la période coloniale par contre). Au contraire même, cette carte permet une forme de réflexion et de réappropriation de la mémoire sans qu’une partie des faits historiques ne soit occultée.
Tout cela ne va pas mettre fin à l’impérialisme Français dont font face les « territoires d’outre-mer » et ex-pays colonisés ni au racisme systémique subi par les personnes racisées, qui n’est ni plus ni moins que l’héritage de la colonisation et face auquel nous appelons à s’organiser politiquement, mais ce sera un grand acte de justice mémorielle et de dignité ainsi qu’un premier pas vers de réelles réparations.